dimanche 26 février 2012

Un petit coup de mou

C'est la reprise, après des semaines d'inaction, LaCombe est de nouveau de sortie. Hélas, la forme et le moral n'y sont plus et il ne reste que la promesse de belles journées ensoleillées pour trouver une raison à ces sorties. La reprise rime aussi avec la (re) découverte de nouveau spot. Nouveau spot en Combe de Savoie avec le tout nouveau secteur d'Arbin, situé sous le secteur d'échauffement. Cette petite barre réservera aux téméraires, une descente immonde dans la forêt avec des cordes pour s'aider, une vire aménagée de toute pièce au confort sommaire mais néanmoins suffisant, des voies de 7a+/b au 7c dans un caillou de bonne facture aux noms toujours aussi poétiques. Jugez plutôt, Ass wide shut pour le 7c court au crux dément sur croûtes, Analgeddon et Total rectal en 7b aux styles si différents. Enfin, la dernière homologuée par son équipeur, Spartanus en 7b+ plutôt rési, vous feront passer un agréable moment, sauf si vous me croisez un jour, le perfo au fesse, pour vous mettre de la poussière pleins les yeux car il reste de belles lignes à équiper.
Ce jour là, avec Victor nous retournions donc là haut pour chercher le réconfort d'une falaise connue, et nous confronter aux projets post-hivernal histoire de voir si nos séances de blocs étaient une bonne chose. Je vous donne la conclusion directement, le bloc c'est nul. Zéro rési, à la rue dans le Bon, la Brute... à la rue dans Spartanus. C'est horrible de se mettre minable dans des 7b+ et de forcer comme dans des 8a... Pour Victor ce fut aussi une rude épreuve, car physiquement il venait de faire deux fois de suite le 8a+ Un con trop loin mais éthiquement il était tombé deux fois à un mouv' du bac final... Peu importe puisqu'il fit la croix trois jours plus tard.




Quelques jours passèrent, encore trop faible psychologiquement pour découvrir une nouvelle falaise, voir même un nouveau secteur, nous nous rabattions sur Brison les oliviers. Pour rappel, il s'agit d'une falaise récente équipée par Lez, en 2010, composée de plusieurs secteurs qui ont chacun leur intérêt. Pour le retour aux affaires, c’était un endroit parfait, dans l'ensemble bien équipé, aux cotations gentilles, et proche de LaCombe puisque situé en périphérie d'Aix-les-bains. Devant notre faiblesse du moment, un échauffement fut de rigueur dans H1N1 5c dièdrique, le Roi des baffes en 6c et enfin Anti-N, proche du 7a avec un finish qui réveille comme un saut du lit. Victor ne tenait plus, il fallait essayer plus dur, et avec Tata yoyo et Just fly it en 7b+/c, il trouva presque chaussure à son pied. Belles voies, mais loin de péter les avant-bras au vu du profil dalleux.
Effectivement on se croit de nouveau presque fort et capable de faire des 7c au premier essai, mais on redescend rapidement sur sa planète peuplée d'humains grassouillets lorsque quelques jours plus tard on se prend un but, à vue, dans Was den 7a+ en compagnie de cuvettards venus pour en découdre. Oui, Brison importe aussi quelques beaux spécimens de LaCuvette pour la reprise de ses affaires, et pas des moindre puisque Luca, le piémontais bronzé comme un aoûtien et Foué le Pancrassien bronzé comme un plâtrier auront fait le déplacement pour cocher facilement cette dernière ainsi que la variante directe de Anti-N en 7a+. De mon coté, le moral amoindri, je retournais dans Bi-turbo, un 8a/a+, plus bloc que rési, d'après moi, pour éprouver finalement de bonnes sensations et ressentir presque du plaisir à devoir revenir, avec de la peau, pour faire ce mouvement abjecte de la règle-épaule main droite au tri-trou main gauche, pieds quasi à plat. Ceux qui ont essayé la voie savent de quoi je parle.





Mais toute reprise à une fin et c'est dans cette optique que nous avons décidé d'enfin changer de lieu pour découvrir de nouveau horizon. Grand mal nous en a pris. Notre choix s'était fixé sur la falaise de Challes, dans la proche banlieue de LaCombe. Ceux qui y sont allés savent aussi de quoi je veux parler... Que Lez se rassure je ne vais pas être cassant, le travail accompli est monstrueux, autant de lignes et donc de spits à monter là-bas...Un vrai boulot de titan. L'accès serait juste moins pénible qu'à Arbin si le chemin était mieux entretenu. Il y a un sécateur en haut, mais il faudrait en mettre un en bas pour couper les murs de ronces qui barrent l'arrivée à la falaise lorsque l'on monte. C'est vraiment étonnant, on a l'impression d'arriver dans un lieu touché par les essais nucléaires, tous les arbres sont arrachés, morts, couchés par terre, les lianes et les ronces ont repris leurs droits sur le reste de la végétation. Pourtant, une fois en haut, le soleil cogne fort, la vue est dégagée, la falaise est belle, de beaux murs aux couleurs changeantes, prédominance de jaunes, de gris. la faible hauteur rassure aussitôt, on se ressent pousser des ailes. Coup d'oeil sur le topo, nous trouvons une voie de chauff', un 6b+. Victor s'élance, tire sur la dégaine dans le mouillé, puis repart et enchaîne en posant les paires, sous mes encouragements. Il a l'air épuisé, l'effort lui a coupé le souffle. Le doute s'installe. Comme des berlots nous nous étions trompés de voie. Ce gentil 6b+ n'était autre qu' on se la fait à 3, le 7a+/b d'échauffement que je réaliserai deux essais plus tard, complètement au taquet. Tout cela promettait. Une chose est sure, Victor avait les crocs et sa prochaine proie se trouvait plus loin à droite, juste avant un petit dièdre. Gros but ça s’appelait, un 8a qui ressemble à rien du bas, une voie, dont AK la regardant du bas, aurait pu dire : " c'est jamais 8a !!!" Je me le suis dit aussi. Mais c'était avant, avant d'essayer les mouvements forts sympas du bas, avant d'arquer comme un chien les petites réglettes du crux qui survient sans pouvoir se reposer, avant de me rendre compte que ça penche fort, avant de chercher l'itinéraire en haut, avant de découvrir que le relais était placé 5m trop à gauche et que cela allait bousiller ma corde. Pourquoi ce relais n'est-t-il pas plus haut, et dans l'axe? Dommage car cela enlève un peu à la qualité de la ligne, d'autant qu'elle pourrait presque sortir en haut de la falaise, sans rajouter de difficulté malgré tout. La recherche des méthodes céda vite la place aux essais, presque convainquant pour une première séance. la nuit nous chassa trop rapidement mais peine perdue, nous étions irradiés. Quand je vous disais qu'il régnait une atmosphère bizarre là-haut, d'étranges plaques rouges me poussaient sur le corps tout le lendemain. Une crise d'urticaire géant... Je suis donc allergique à Challes!!! Impossible, je serais allergique à beaucoup plus de falaises en Savoie alors. Une cause possible, un petit coup de mou.




dimanche 12 février 2012

La procrastination, le mal l'hivernal




J'ai trop longtemps remis à demain l'édition de cet article, la preuve en est : rien depuis un mois. Il faut dire que l'hiver, avec ses températures polaires, sont des plus à même à nous faire remettre à plus tard tous nos projets. En ce moment il ne se passe pas une minute sans que je me dise : " trop froid, je le ferai demain" ou " trop froid j'irai grimper quand il fera chaud". Alors que se passe-t-il dans nos petites têtes d'acharnés pour que ce mal se développe?


Premièrement, regardons si la contagion à atteint les autres sports afin de se persuader que ce n'est pas une épidémie propre à l'escalade. Le rugby par exemple, ce sport que l'on peut qualifier de fillettes, est lui aussi atteint. C'est affreux, même pour une rencontre de haut niveau international, la remise à plus tard frappe de plein fouet les joueurs du XV de France. Nos amis footeux ne sont pas en reste non plus, enfin eux c'est différent, c'est vraiment des fillettes... Le froid c'est une chose mais la neige en est une autre et elle paralyse tout autant les rencontres sportives, faute de pouvoir se déplacer. Ainsi même les hockeyeurs sont contraints de rester à la maison et à reporter à plus tard. Il n'y a bien que les fondeurs qui continuent de faire défiler les kilomètres sous leurs spatules, comme si de rien n'était.
Et en escalade alors? On retrouve encore quelques résistances, mais dans l’ensemble la situation est gelée. Hormis les trips, certainement organisés de longues dates à Bleau par les mutants d'outre-atlantique qui continuent de faire des croix, en local il n'y a rien. Même les mutants de LaCuvette préfèrent le confort d'une salle de bloc accueillante à celui de leurs crash-pads plantés dans la forêt de Rioupéroux. Les "outing" massifs se font ainsi rares et les grimpeurs, en période de grand froid, préfèrent les "inting" douillets. Ainsi, Rackam et Quentin Chastagnier répètent leur gamme à Ablok, sous les yeux médusés des membres de LaCombe venus chercher du réconfort parmi leurs semblables, et accessoirement parfaire leur entraînement en force. Justement, au rayon "forçu" de chez LaCombe, Victor tire son épingle du jeu et se contente de nous mettre des buts en flashant quelques blocs "rouges", histoire de montrer ses nouveaux muscles saillants et son potentiel en gainage. Pour sûr, dès que les conditions seront de retour je connais une voie à Arbin qui va trembler, enfin si on ne reporte pas à plus tard...
Que reste-t-il alors aux grimpeurs atteints de procrastination, les forums, les blogs, les scorecards vierges de 8a.nu? Rien de mieux, pour celui qui reste chez lui, que de vivre sa passion par procuration à travers le net. Ainsi les belles images de Monique Forestier dans Tom et je ris ou d'Iker Pou dans son horreur Nit de Bruixes réchauffent le coeur et les doigts avant de repartir pour mes longues séances d'étirements "maçonniques".




Finalement, il y en a qu'un qui rigole, c'est le Gaétan, immunisé contre tout les maux, ne ressentant jamais ni le froid, ni la fatigue, il se gave littéralement en cette période, le perfo toujours accroché à la ceinture il nous ouvre une nouvelle voie en Savoie, avis aux amateurs d'esquimaux. Dit Gaétan, si tu ne sais plus quoi faire de ton temps libre, j'ai besoin de main d'oeuvre pour installer ma cuisine, mais tu risques de remettre ça à plus tard non? En revanche, j'en connais un qui se ferait bien transformer en fourmi pour cette belle cascade et en plus à coté de la maison.


Sur ce, je vous laisse car une envie incommensurable d'aller hiberner vient de me prendre.