mardi 23 octobre 2012

La cueillette



L'automne, c'est la période des champignons mesdames et messieurs les grimpeurs, alors il est grand temps de quitter vos falaises calcaires pour vous enfoncer dans la forêt, à la recherche de spécimens étonnants, endémiques même de LaCombe. En effet, ces dames pourront venir y trouver le fameux amabite phalloïde qui ne pousse presque qu'exclusivement sur les vires d'Arbin, de l'Amicale ou encore aux pieds des voies du Marocaz. Pour ces messieurs, par contre, le fameux Cèpe de bordeaux se trouvera bien dans les épaisses et pentues parcelles de forêts situées sous l'Arclusaz. Dans les deux cas il faudra les mériter car leur dégustation procure un immense plaisir gustatif, sans compter qu'à chaque fois qu'on en attrape, on en veut toujours plus.
A ce petit jeu là, certains sont tombés dans l'addiction pure et dure, telle une drogue Abdé et Hélène s'en sont donnés à coeur-joie dans le nord Isère, pour nous gratifier de récoltes miracles. Si Hélène venait cueillir les spécimens de LaCombe, j'en connais plus d'un qui déserterait la Balme pour venir sur nos falaises.



Hélas pour nous grimpeurs, une bonne récolte est souvent inversement proportionnelle aux récoltes de croix, une autre spécialité du coin. Eh oui, si le champignon a besoin d'une atmosphère chaude et humide pour se dresser hors du sol,  la croix en a horreur et il faudra attendre la fraîcheur pour en trouver. Néanmoins des amateurs tels que nous connaissent toujours les bons spots pour nous gaver. Ainsi aux Rigauds, les conditions commençaient à être bonnes et Victor se rapprochait de plus en plus du relais d'Infinity fada en 8b. De son côté, Antoine préférait chercher les champignons qui font rigoler et moi, entre deux séances de berlotage dans les 8a du secteur, je trouvais une croix facile dans Super Chabal en 7c+. Une autre séance à l'Amicale me permit de faire la FA de l'Exorciste, encore un 7c+, mais là aussi, pas la moindre cueilleuse de champignons à l'horizon. Dommage, car ce nouveau petit secteur bien ensoleillé de LaCombe recèle quelques belles voies sur du beau caillou tout neuf.


Entre deux journées de pluie, notre quête de plus gros champignons nous mena jusqu'à la vire de St Pancrasse, en terre cuvettarde, pour retrouver Luca et son VTT. Pas la moindre croix mais un énorme bollet comme lot de consolation. Quand je vous disais que les deux ne vont pas ensemble!! C'est soit l'un, soit l'autre. Néanmoins des méthodes commençaient doucement à être calées. Ainsi Victor et Luca comprenaient enfin qu'il fallait monter le pied gauche très haut pour tenter d'atteindre les semblants de règles du premier crux de Bobtail frénétique dont la cotation est, encore aujourd'hui, sujette à bien des polémiques. De mon coté, je prenais conscience qu'il me faudrait perdre 10 kg pour tenter de vaincre les crux sur no-prise de la Mythologie du surbouc en 8b, mon projet pluri-annuel. Malgré ce léger surpoids et un manque cruel de peau sur les doigts les sensations deviennent bonnes. Le lendemain, idem, zéro croix mais une bonne récolte de Trompettes de la Mort en famille.

Un champignon? non de la peinture !
Premier crux de Bobtail.
Deux sachets pleins. 
Le Marocaz, j'avais entendu dire qu'on pouvait y trouver des amabites, c'était donc là bas que notre passion nous emmènerait. Apparemment, celle-ci était partagée par d'autres grimpeurs, à en juger par cette très belle sculpture d'accueil. Pour cette session, LaCombe avait fait appel à deux furieux chercheurs de croix et Cuvettards de surcroît, Luca, toujours dans les bons coups, et Nico, l'ex PB master, une machine à récolter les croix.


Après un échauffement de rigueur dans le projet du jour, voilà Nico qui fend sans trembler, sans forcer et sans transpirer Salakis, le 7c ultra classique du secteur. Quelques minutes plus tard, ce fut au tour de Luca d'enchaîner le 7b+ de La Roussette, en tremblant, en forçant et en transpirant à grosses gouttes, afin de rendre cet enchaînement plus savoureux encore certainement? Point de saveur de mon côté à ré-enchaîner cette dernière, mais quel pied de trouver une nouvelle connection entre Connecting popol et Le tronc, me permettant de reprendre la pêche en pleine saison de la cueillette. Puis vint le moment où Nico s'élança dans Feta, mais la machine à gaîner qui était en train de marcher le crux, fit une erreur de jeunesse en voulant relancer toujours plus haut sa main droite sans prendre les prises intermédiaires. Et oui avec des chaussons made in China, quand on a des bons pieds on ne veut plus en prendre d'autres, plus petits... 

La pêche pendant la cueillette.



Dans le crux de Feta.
La machine au repos.

Pour nous la session était terminée, mais pour d'autres elle ne faisait que de débuter. Ainsi J.Jacques, l'amoureux des dalles, en super forme en ce moment, voulait en découdre également avec Feta. L'homme aux méthodes inédites saura certainement trouver une feinte pour vaincre ce crux teigneux, sans devoir forcer... Enfin avec ses méthodes, je ne suis jamais arrivé à faire le pas dur du 8a, Tout reste à faire, aux Rigauds.

Qui dit cueillette dit également période de la chasse et c'est à Arbin que les hostilités ont d'ores et déjà commencé. En Février dernier nous avions eu un avant goût de leur capacité, cet automne ils attaquent en force puisqu'ils sont déjà passés à l'acte, en coupant systématiquement le moindre bout de corde fixe placé afin de faciliter la montée. Qu'à cela ne tienne, il en faudra plus pour effrayer les habitués, les chasseurs de croix, les cueilleuses, les végétariens...car si j'en juge par la fréquentation la semaine dernière ce spot a tout pour durer. Ainsi, Man Tessanne, venait à bout de son gros projet, en enchaînement, sans trembler, Alerte à malaucul, confirmant lui aussi la cotation à 8a+. Foué agonisait dans DXK mais parvenait à clipper le relais au premier run. Cyril, venu découvrir le secteur du bas, fit rapidement Analgeddon en 7a+, et plantait un bel essai à vue dans Total rectal en 7b. De mon coté, je redécouvrais avec plaisir le crux sordide et hyper bloc de Fist and furious une voie qui sent toujours aussi bon le 8b.

Pour celles et ceux qui n'y connaîtraient rien en champignons, ils ne vous restent plus qu'à venir aux cueillettes coquines organisées par Pierrot, dans son jardin, pour apprendre à les reconnaître, à les cuisiner, à les déguster même, mais attention l'entrée est soumise à un cahier des charges très exigeants : être âgée de moins de 35 ans, blonde, aimer la nature et les parties de caches-caches...