jeudi 12 décembre 2013

Cadeau de noël


La mère Noël SoSo et sa copine Marie Tatouée sont heureuses ne vous présenter cet article sans saveur, sans excès et radicalement plus "politiquement correct" que le précédent.

Après chaque délire intellectuel, un retour à la normal est toujours bon et justifié, histoire de garder les pieds sur terre. En cette période de fin d'année 2013, qui aura été particulièrement désagréable pour nos amis grimpeurs, un petit cadeau apparaissait comme nécessaire.


Tout d'abord, quelques photos de scènes joyeuses au pied des falaises pour vous donnez l'envie de pratiquer ce merveilleux sport en famille. En effet, rien de mieux que de redonner espoir aux nouveaux parents grimpeurs en les rassurant, en positivant, sur ce que seront désormais leurs sorties falaises. Ainsi, NiKo, AK, toutes mes plus sincères félicitations pour être enfin rentré dans "l'aire" de la frustration. Pour vous, parents grimpeurs, vos cadeaux seront l'apprentissage de la patience, l'art de faire semblant de grimper avec le sourire pendant que votre progéniture se bat au sol, la maîtrise du solo encordé alors que votre charmant(e) moitié(e) gère les conflits, les accidents et tout le reste avec ses deux mains, anesthésiant totalement vos mouvements et votre profonde motivation.








Allons allons, repartons sur des idées plus positives.

Plus localement, pour nos amis Savoyards, le cadeau ultime de cette fin d'année est assez simple finalement, juste quelques photos de cailloux secs sur fond de ciel bleu et le tour est joué. Pour LaCombe, un weekend au soleil de St didier sera amplement suffisant pour réchauffer nos sens, avec en prime quelques beaux mâles célibataires pour mesdames!!! 



Le problème majeur de St Didier provient des cotations. Si les voies dans le 7a/b sont abordables et bien cotées, celles aux cotations supérieures deviennent carrément extrêmes et difficiles à enchaîner. 176, Ce climat est toqué, Elle est trop grosse elle rentre paaaaas, Jamais 2 sans 3, Réveillon courant, ou Aoc Ducs, se font facilement, après un petit calage au pire, alors que d'autres ne sont franchement pas données pour les pauvres et faibles grimpeurs de LaCombe. Ainsi, Changement de programme et Ulgosor en 7c mériteraient certainement un réajustement vers le haut pour la difficulté des crux tout en pas de bloc, d'autant que certaines prises ont diminué de volume depuis nos assauts répétés. En effet maintenant que Victor suit le double programme : entrainement de Tessanne au pan du CSU de Grenoble et soirée arrosée, l'animal a doublé son tour de biceps comme son tour de taille. De mon coté, la balance affiche des chiffres qui me font peur et la moindre prise non-renforcée part rapidement sur la tête de mes assureurs. Finalement un cadeau simple pour les grimpeurs serait peut-être de m’interdire de grimper à St Didier? Ainsi, je n'aurais plus à râler contre ces cotations farfelues établies par des grimpeurs raboteurs, ni à casser des prises fragiles lors de mes essais, m'empêchant d’enchaîner rapidement des voies, pourtant, de mon niveau. Je dis juste : " Cyril ne te laisse pas faire!" Les voies sont bien cotées jusqu'au 7b après ce n'est plus cohérent. Comme La fièvre du samedi soir ou Chrysanthème qui devrait être respectivement 7c et 7b+ au lieu de 8a et 7c... 
Sinon un autre cadeau pour vous serait de m’empêcher de raconter ma vie sur ce blog!!








Pour finir, le cadeau de Matt Bouyoud pour vous grimpeurs de LaCombe, un 8b au rabais et ultra discount à Arbin du dessous. Il faudra vous dépêcher d'y aller avant les soldes d'hiver car la cotation risque d'évoluer rapidement. La voie se nomme Un long dimanche de coït anal, et raye la falaise de droite à gauche en passant par le toit de Fist and furious en 8a. Cette combinaison que j'avais enchaîné en mars dernier m'apparaissait comme un 8b potentiel, mais la jeunesse mutante ne serait pas de cet avis. Mon cadeau pour cette nouvelle année : faire un vrai 8b et en équiper beaucoup d'autres.

Miaou miaou!





Etude sociologique sur le port du "ticket de métro" chez la grimpeuse.


 Oui, il s'agit d'un sujet sérieux qui nous intéresse tous et qui avait besoin d'être approfondi à la demande des grimpeurs de LaCombe.

Cette étude menée par votre pitoyable serviteur se base sur les compétences de notre sociologue, Denis, a été commandée expressément par Roberto et Luca et est soutenue financièrement par Le Chibro, mon généreux mécène, autrement connu sous le nom de Lansb. Je remercie également toutes les personnes qui auraient pu contribuer à faire avancer cette recherche par un témoignage, une photo, une démonstration en privée... Enfin ça j'attends encore! Je tenais aussi à faire remarquer que la jeunesse n'est pas un élément fiable de donnés puisque Victor ne put nous aider correctement alors qu'il était sensé être le mieux placé pour "pécho" des éléments.

Le Chibro, à la grande époque!!!
Roberto inventeur de la canne télescopique et amateur de tickets 
Quelle étrange idée? Encore un délire de pervers misogynes, un prétexte pour parler de cul! C'est hélas bien mal nous connaitre! Notre étude est beaucoup plus profonde, elle reflète la société, elle permet de mesurer le degré d'imprégnation de la communauté grimpante par le monde actuel. Sommes-nous toujours en marge? Notre communauté est-elle encore faite de babas plus ou moins cools opposés au développement et à la consommation intensive?
Notre outil de mesure sera donc le "ticket de métro", le poil étant en voie de disparition, il apparaît qu'une communauté moderne n'en porte presque plus.


 C'est grâce à une anecdote du Chibro que tout a commencé. Lors de l'une de nos trop rares rencontres verticales, ce dernier m'exposa sa conception du Base et me contait quelques aventures. L'une d'elles me parut d'une importance capitale. En effet, alors qu'il sautait avec des stars de la varappe internationale dont Steph Davis, il ne put s’empêcher, le moment opportun, de vérifier son épilation. Imaginez le tableau, avec le Chibro en train de mater salement les fesses de la pauvre fille, partie au pipi room!!! Enfin le résultat était sans appel, le foin débordait de la charrette et laissait une impression de désordre.
Plus tard la visite du site internet Stone nudes me décida définitivement. Je devais me lancer et montrer que les grimpeuses n'étaient pas toutes des hippies, des souillonnes mais avant tout des femmes reflétant la société moderne et adoptant ses mœurs.


Evidemment, pour celles qui passent leurs journées au pied des falaises et leurs soirées dans un camion aménagé pour le camping sauvage, les pures et dures de l'activité qui vivent pour les réalisations sponsorisées nécessitant de communier avec la nature pendant de nombreuses journées, pour toutes ces femmes, nous sommes en droit de nous demander si l'épilation est toujours rigoureuse et le ticket bien net. J'imagine que non, un peu comme la barbe chez le grimpeur, qui a tendance à pousser pendant ces périodes d'exil social.



Pourtant, pour le plaisir des yeux certains détails ne devrait pas être négligés et j'espère que la jeune génération, évoluant dans notre société de paraître, y est très sensible.


Imaginez un instant, alors que vous êtes dans le crux de votre bloc sur une plage des Seychelles, en plein grand écart, qu'une touffe de poils dépasse de votre plus beau bikini! Votre photo serait alors gâchée, et vos souvenirs de vacances à jamais liés à cette scène tragique. Les filles de Bikini boulderers en sont la parfaite démonstration : pour des photos réussies le maillot doit être impeccable.





Au vu de ces premiers éléments nous serions tentés de dire que les grimpeuses sont de ferventes adeptes de l'épilation brésilienne. Mais au file de nos recherches nous sommes passées sur le terrain, et là il s'agissait d'une autre histoire. 
-Premier constat : trop peu de femmes pour faire des statistiques.
-Deuxième constat : aucun membre de LaCombe n'a eu le courage de poser la question cruciale : "T'es épilée comment, toi?", aux femmes croisées en salle ou en falaise. Nous n'avons pas tous l'assurance d'un Tessanne ou d'un Chibro, capable de dire à une jeune étudiante innocente à queue de cheval qu'elle en a une plus longue que lui!!!
-Troisième constat : Notre étude se bornait à LaCombe et il est évident que dans cette zone reculée de la Savoisie au climat si particulier, les mœurs épilatoires n'ont pas beaucoup évolué depuis les Valseuses et les culottes de poils.



Ainsi, sur notre terrain de jeu favori, les femmes sont toujours chaudement vêtues et le poil se porte long pour tenir chaud. De plus l'activité falaise est souvent pratiquée par des gens proches de la nature, des roots tendance on laisse tout pousser même parmi la jeune génération.

Finalement, à l'instar de SoSo, les grimpeuses sont peut-être capable du meilleur comme du pire et qu'il est difficile d'établir des réponses précises sur ce sujet brûlant. On trouvera donc de tout en matière d'épilation chez les grimpeuses, du style "porno américain sans poil" à "champ en friche" aussi bien chez les jeunes que chez les plus âgées. 




PS: Pour celles et ceux qui seraient largués par cette analyse très pointue voici un petit document explicatif






jeudi 26 septembre 2013

Phrases cul tes



Quand ZEP, le dessinateur, l'auteur de BD à succès tant connu, l'inventeur de Titeuf, se met à faire dans le dessin pour adulte, vous trouvez ça génial, vous en parlez entre parents autour d'une bonne bouteille, rien de choquant en somme, cette forme d'art est tolérée tout comme le kama-sutra à une autre époque. A contrario, lorsque LaCombe sort de la norme en publiant des articles salasses remplis de jeux de mots, de contrepèteries, mélangeant de manière subtile les différents registres de notre belle langue, là on me considère comme le pire des satyres, comme un dégénéré atteint d'un syndrome frontal avec de dangereux troubles comportementaux envers la gente féminine.


Lorsque ZEP, grand amateur de Rock and Roll, sort des planches de dessins pour adultes, vous vous dites que c'est autobiographique et cela vous fait rire. Peut-être que vous vous retrouvez aussi un peu dans ces situations rocambolesques. Par contre, un post bien senti, au vitriol, pour dénoncer un problème ou plus ironique pour parler d'une nouvelle falaise, d'un catalogue de nom de voies à double sens, et c'est la levée de boucliers, on s’offusque, on trouve ça dérangeant, on a même honte de dire que l'on connait LaCombe.



Alors pour mes lecteurs assidus, pour les irréductibles, les amateurs de bons mots, les trublions de la langue française, voici un petit florilège des phrases cultes de LaCombe qu'il est impératif de connaitre pour briller en société. Alors évidemment, nous en avons déjà parlé, la société n'a pas toujours les idées placées sous la ceinture mais essayez de placer un : " Prends moi sec" dans une conversation sans faire rougir vos interlocuteurs ou sans passer pour un pervers ascendant cochon relèvera d'un challenge à votre hauteur. Il est vrai que dans le feu de l'action, les idées se perdent, deviennent confuses et notre langage dérape, nos esprits aussi d'ailleurs. Dans le contexte de l'activité escalade, en plein effort, crier sauvagement un : " fait chier je rentre pas les doigts, elle est trop petite" passe comme une lettre à la poste, mais autour d'une table d'inconnus, au mariage d'un de vos meilleurs amis par exemple, cela vous rangerait définitivement au rayon des obsédés sexuels, une étiquette qui vous collera à la peau de longues années durant.

- Avec LaCombe les femmes sont toujours à l'honneur sauf quand Olga nous dévoile que : " c'était tellement dur que je n'ai même pas pris de plaisir.", en redescendant de 20000 vieux sous mémère à Arbin.
- "Elle est tellement grosse que je n'arrive pas à la prendre entre les dents", nous dira Luca quelques instants plus tard lors d'une énième tentative dans Startrique. Qui n'a jamais grimpé avec une corde de 14 mm restée tout l'été au soleil?
- A la Balme, Roberto nous conseillera : " de ne pas la mettre trop profonde, ça mouille!", en parlant d'un bac légèrement mouillé dans Orange mécanique.
- Toujours à la Balme une phrase telle que : " t'as pris ses knee-bars (prononcez nibards) pour coincer les genoux" ne signifie pas que vous êtes un adepte du bondage le plus extrême mais simplement que vous avez besoin de genouillères pour venir coincer les genoux contre le rocher. Cette falaise étant internationale vous devez être capable de vous exprimer dans plusieurs langues pour qu'un quidam généreux puisse vous prêter, le temps d'un essai dans votre projet pluri-annuel, la fameuse genouillère anti-douleur. Après, libre à vous de vous meurtrir la cuisse pour mieux ressentir les choses comme Luca, ou d'opter pour le "sans genou" tel Gaétan. Pour ma part, j'ai choisi d’éviter ces voies trop longues car : " Je transpire trop quand c'est long, je préfère les trucs court". Aucune allusion. C'est ainsi que je me suis lancé à corps et à cris dans Potenstein, une couenne de 12m de haut, située à l’extrême gauche de la falaise. Mon fantasme de cougars m'aurait-il alors poussé à dire : "J'aurai dû en prendre une vieille pour faire ça!" ? Non, impossible. Je parlais juste du type de corde à utiliser pour enchaîner cette voie, puisque 80m de cordes neuves ne sont pas vraiment indispensables. Plus sale encore, les habitués, que l'on surnomme les "Balmeux" y vont franchement avec des : " Allez Pierre! Elle te veux celle-là!" en guise d'encouragements mélangés de conseils très perspicaces comme : " Tu la retournes et tu la prends avec le pouce!". Personne ne pouvait imaginer un seul instant que Thierry était amateur de "thumb fucking", à moins d'être comme le monsieur sur la photo ci-dessous. Encore un pervers de la grimpe qui s'ignore.




- " Elle m'a complètement vidée celle-là !", nous confia Victor un jour. Non, là encore il ne s'agissait pas d'un commentaire post soirée PC (Plan Cul) avec quelques étudiantes délurées et désinhibées par l'abus d'alcool. Il arrive simplement que l'effort demandé par l’enchaînement d'une longueur puise au plus profond de nos réserves. Ainsi complètement cuit après une belle performance dans Le bond du tigre à SuperU, Victor laissait aller ses impressions avec franchise.
- Finalement c'est encore Victor qui aura le mot de la fin : " Avant même de commencer je suis déjà raide ! ", conclu parfaitement cet article sans intérêt, superficiel et digne du plus mauvais des torches culs du WEB.

Promis la prochaine fois je me la jouerai poète, ou chanteur, pleins de finesses, façon Mathieu Chedid avec des : " Montre moi encore, le monde à l'envers, l'envers de ton corps me donne des vertiges" pour décrire la scène suivante. Décidément ils sont forts ces artistes.



mardi 27 août 2013

Tout simplement Franken



- " C'est cool, je vais en Allemagne cet été ! "
- " En Allemagne ? Vous allez grimper là-bas ? "
- " Bah oui, c'est un endroit très connu pour grimper, dans le Frankenjura plus précisément. "
- " En Bavière en plus, mais il pleut tout le temps ! "

Eh oui, chers lecteurs, voici l'extrait d'une conversation stéréotypée soulevant deux clichés qui collent à la réputation de l'escalade outre-Rhin. LaCombe, toujours à la recherche de nouvelles expériences verticales, a donc fait le pari d'aller pratiquer l'escalade en Allemagne, faisant fi du probable mauvais temps.

Un soir d'orgie à St Pierre, AK avait lancé cette idée saugrenue de tester la grimpe germanique pour l'été. En bon commercial, il nous vendait son produit avec professionnalisme et l'affaire était pliée en moins de deux :  " Vous verrez, c'est le top avec des enfants ! ". Un argument qui fit mouche immédiatement auprès de Soso et qui suffisait à nous motiver pour tenter l'expérience. Certes AK est un bon vendeur, prêt à nous fourguer Fréterive comme une falaise internationale à la mode, mais à sa décharge, il connaissait le lieu comme un vrai local pour y avoir vécu un an et écumé bon nombre de falaises.


Début Août 2013, nous nous retrouvons donc à Strasbourg pour une préparation express au style d'escalade du Franken. Tout le monde nous avait dit : " Vous verrez il faut de la force pour faire les voies ". Cela tombait bien c'était la filière qui me convenait le mieux et qui " part " en dernier après une longue période d'inactivité. En effet, comme seule pré-préparation, je m'étais accordé trois semaines de glande totale en bord de mer, à pécher le tourteau comme un acharné. Ainsi, pendant ces deux journées de remise en forme presque tout mon corps me fit comprendre que le régime camembert, beurre et crème au lait cru à chaque repas, le tout arrosé copieusement de cidre, ne rimait pas avec performance. La reprise fut néanmoins agréable et enrichissante. Au Windstein, j'appris la rigueur Alsacienne dans le 6a+ de Viol à main armée, l'art d’accommoder les restes avec la nouvelle " combi " à la mode en 7a/+ de La diagonale du flou, le touché incomparable du grès rose dans l'angle mort encore en 7a+ et l'amour des blocs encordés ultimes de trois mouvements avec La Dérobée seulement 7b+.






Au Baldur, changement de style, changement de contexte aussi. Accompagné d'AK et du local de l'étape Florent Wolf, les apprentissages furent complètement différents. Entre mâles bourrés de testostérone les discussions allaient bons trains et se recentraient sur l'essentiel. Les cotations ? Non, nous étions d'accord. L'équipement ? Seulement quelques interrogations sur l'utilisation d'un unique scellement comme relais ou encore de la vache courte pour déséquiper entièrement une voie, franchement pas de quoi nous occuper tout un après-midi. Les grimpeuses ? Cela ce pourrait bien. Ainsi, entre l'échauffement dans Starting blog en 7a+, la perf' d'AK flash dans Le serpent à Sornettes en 7b+ et mon combat dans Les mutins de panurge en 7c, les anecdotes tombaient comme les croix en cette belle journée. Florent, toujours très pro, nous faisait part de ses derniers clichés en falaise où l'utilisation d'un bon gros zoom est souvent nécessaire pour apprécier le port d'un mini short moulant façon Sierra B-C. Déjà bien chaud, AK, très au fait du Star System escalade, nous régala d'une histoire sodomite très croustillante que l'on pourrait intituler : " Tonight you will be my Corentin ! ", avant sa dernière croix dans Patère austère encore en 7a+.





10 Août 2013 : départ vers le pays de la force pure. Notre préparation alsacienne achevée nous étions censés être prêt pour affronter la rudesse germanique et leurs spécialités culinaires fortement caloriques. Notre point de chute serait à l'épicentre du FrankenGößweinstein, un lieu chargé d'histoire avec le fameux Obere Gößweinsteiner Wande, un mur de 25m presque parfait résumant, à lui seul, l'histoire de l'escalade libre en Allemagne et théâtre de l'ascension du 4ème 7c féminin par Isabelle Patissier dans Katapult en 1985. Les amoureux de la belle Isa s'en souviennent certainement ? Nous établissions donc notre camp de base dans une location typique Franken aux lits " king size " indispensables aux repos des vacanciers, à deux pas d'Edeka et d'un " Getränke market ". Que demander de plus ?







Notre visite des falaises commença dès le demain. " Allo, Arno, wie geht es dir? ". A grandes accolades les anciens copains d'AK, Jorg et Philip, le saluaient, heureux de le revoir et de s'apercevoir que pour lui aussi la vie avançait. Kat portait le pantalon E9 spéciale femme enceinte avec grâce, comme d'autres le tee-shirt surfait et d'un classique presque pitoyable : " C'est pour Mars ". En Allemagne pas de bises, ça pourrait être interprété comme un acte d'agression sexuelle caractérisée, on se tapote dans le dos avec les familiers, pour les autres c'est serrage de mains de rigueur. Peu importe la forme puisqu'après tout le monde se retrouve, avachi, vautré sur des couvertures étalées dans les près, échangeant la nourriture, les enfants, les maris, les mamans pour le plaisir de chacun. Plaisir vertical évidemment, les pieds de falaises se prêtant particulièrement bien à cette organisation communautaire où chacun peut jouir du caillou à tour de rôle. Ainsi à Moritzer Turm comme à Breitenstein, une belle pelouse vous attendra à 5m des voies.






A ce stade, j'ai déjà perdu la moitié de mon lectorat qui attend avec impatience des résultats, des bons conseils ou d'autres anecdotes salasses. Avant cela, il faut savoir que le Franken c'est plus de 6000 voies, reparties sur des dizaines de petits secteurs, cachés dans la forêt, pour la plupart invisible de la route et ne dépassant jamais la cime des arbres. Il faudra donc un solide topo ou un bon guide local pour trouver la falaise de vos rêves. Une fois trouvée, place au plaisir. A Moritzer Turm presque tout était à faire des 5 d'échauffement à High Gravity day en 9/9+ en passant par Freischwimmer en 8+ serré. Le rocher était d'excellente qualité, les voies plutôt longues et résistantes, selon mes critères, mais impossible d'y passer votre journée, si comme AK il vous faut 250m de voies dans le 7ème degré pour commencer à avoir mal aux bras. A Burg Rabenstein, nous devions rejoindre George. Une fois rejoint, nous levions la tête. Argh, c'était moche, une sorte de Mouxy du Franken en plus court, cela vous laisse augurer de l’intérêt de la falaise dont une partie était au soleil. Néanmoins nous profitâmes des méthodes des locaux pour répéter vite fait deux 8+, le premier vraiment soft nommé Inshalla et un second sans nom de 6m de haut... Classe !!! Avec des enfants c'est à oublier au plus vite, sauf si comme nous, vous n'êtes pas à cheval sur l'hygiène au pied des falaises ni contre l'idée que vos têtes blondes jouent dans la crotte de chèvre. AK aura cette parole en fin de session : " Je décide qu'à présent le choix des falaises ne se fera que par moi et par moi seul. " Nous approuvions tous en cœur.






A Breitenstein, un peu plus au sud, nous retrouvions l'image d’Épinal de l'escalade Fränkische : une prairie, de gros blocs cachés dans la forêt, très proche de la voiture, avec des WC à disposition. Cette falaise à l'aspect débonnaire recelait néanmoins de très beaux itinéraires. Zur shonen Aussicht en 7+, tout comme Cappuccino, 9-, la surcotée Das Spiel ist Aus en 9/9+ et la très sous-cotée Gänsehaut en 8+. La valse des cotations serait donc internationale ? Qu'à cela ne tienne nous étions satisfait.
A Obere SchlossbergwändeAK s'attendait à avoir une foule en liesse pour l'applaudir. Il nous disait :       " Finit de rigoler on va aller à une superbe falaise, d'ampleur, avec pleins de Polonais, de Tchèques..." Arrivés au pied, non sans mal, deux cordées nous précédaient. Ce qui aux yeux d'AK était une référence de l'escalade au Franken nous paraissait plutôt être un spot dépassé, délaissé par les grimpeurs. Certes le profil déversant donnait envie mais l'excessive patine du rocher mélangée à l'abus de magnésie pour sécher les prises eurent raison de ma motivation. Soso put alors se déchaîner dans quelques 7+, forts sympathiques, afin de rentabiliser sa dernière journée de grimpe. Pour AK, le seul objectif de la journée était de prendre son ticket pour la file d'attente de Liebe ohne chance, Le 9 le plus parcouru d’Allemagne. Comme à son habitude, de manière très perverse, il mit tout le monde d'accord en flashant, à vue, après travail, cette voie historique que tous les berlots d'un niveau 7a max essayaient en vain ce jour-là. Étrange façon de penser, mon chez Arno, que de vouloir ridiculiser moins fort que soit ! As-tu donc souffert un jour d'une semblable expérience ? Celle d'un grimpeur arrogant qui aurait réalisé ton projet en se gaussant de toi, te renvoyant à la figure ta propre médiocrité ?






Au dernier jour de grimpe, nous avions besoin de nouveautés ! Philip nous proposa donc d'aller visiter un nouveau secteur. En guise d’inédit, nous étions tombés sur le coin à la mode, " the place to be" du Frankenjura. Cette forêt recèle tellement de cailloux que la réserve de nouveauté semble inépuisable. A Intensivstation, nous découvrions donc, de nouveau, une falaise calcaire formée de gros blocs, d'une quinzaine de mètre de haut, proposant des voies d'escalade du 6 au 10- sur toutes les orientations possibles. En passant devant une voie sur le chemin qui menait à la falaise, une petite ficelle rouge nouée autour du premier point attira mon attention. Ce procédé était censé avertir les grimpeurs de ne pas escalader cette voie sous prétexte que l' équipeur se gardait le droit d'en réaliser la première ascension. Cette démarche souvent acceptée par la communauté des grimpeurs était ici clairement souligné. En un mot : " Pas touche à ma voie, sinon...". Je vais me réserver mes FA de cette manière maintenant et Victor pourra toujours essayer de me les voler !!! Sur un bloc "autorisé" nous réalisions rapidement Not OP et Rebirth toutes deux cotées 9 mais clairement d'un niveau différent avant de migrer vers l'ultra classique Püttlacher Wand et de lui présenter nos adieux. Cette dernière falaise ressemble vraiment à une falaise. Un beau mur, d'une hauteur raisonnable, de bonnes prises pour un effort de conti perturbant dans ce royaume de la force. En guise de dessert je me jetais désespérément dans Ikebana, un super 8 alors qu'AK randonna un 9- à vue, histoire de montrer que c'était lui le roi de la conti, devant les yeux médusés des quelques grimpeurs présents.




C'est de retour en France que l'on prend toute la mesure de la qualité de cette excursion. Une petite semaine pleine de fraîcheur, de bonnes découvertes, de rencontres, qui donne envie de revenir. J'ai même commencé à en faire de la pub' auprès de Victor et Roberto qui se laisseraient surement tenter par l'expérience, un jour, histoire de réactualiser leurs échelles de cotations et d'avoir de solides arguments face à Des chiffres et des lettres.