mercredi 27 août 2014

Et au milieu coule une rivière.


 Nous connaissons tous ce film culte de Robert Redford avec un Brad aux allures de jeunes premier du cinéma. Ce mois de Juillet 2014, à la météo catastrophique, ne nous laissa pas d'autres choix que d'en faire un remake tant les falaises de LaCombe étaient impraticables. En effet face aux pluies diluviennes qui s'abattaient chaque journée sur notre beau pays Savoyard, seul les activités telles que la pêche ou la cueillette coquine pouvaient trouver grâce à nos yeux. Je décidais donc de remonter ma fameuse "canne à pêche" spéciale condition extrême, en vue de quelques escalades humido-mouillées sur calcaires glissants, mais aussi pour me préparer à quelques jours dans la vallée de la Clarée qui s'annonçaient très maussades.



Comme à son habitude LaCombe invite des guest stars pour ce genre de trip. Pour nous accompagner cette fois nous avons puissé dans notre réservoir de handicapés !!! Il paraît que c'est à la mode en plus si on regarde les prouesses d'un certain "Petitou" Ribière capable de nous en mettre plein la vue en bloc et passionné comme jamais. Ainsi c'est avec NiKo et La Loutre, d'anciens membres de LaCombe désormais retournés dans la Yaute que nous avons partagé cette trop courte semaine. NiKo, le polytraumatisé, l'ex octogradiste, le mental et le moral sensible, proche du burn-out, n'était pas dans son assiette et aurait souhaité être plus proche de la rivière les doigts de pied en éventail, une bière dans une main et la canne à pêche dans l'autre, que proche du caillou. La Loutre alias Folence, avec deux enfants à charge l'un de 10 mois et l'autre de 34 ans, ne pouvait qu'espérer du repos afin de faire passer sa sciatique infiniment douloureuse. Pour elle, escalade rimait désormais avec souvenir et elle aurait aussi souhaité passer plus de temps au bord de la rivière avec une canne de marche à la main et un œil sur son NiKo que la nature avait libéré du joug de la société...Pour le plus grand bonheur des ours...sacré pervers.




Malheureusement, la météo avait décidé de nous laisser quelques journées de répit, et c'est la mort dans l'âme que LaCombe dut se contraindre d'aller grimper sur les falaises bousiques du coin. Effectivement, comme se plait à nous le rappeler AK, seul les falaises qu'il connait sont dignes d'être escaladées. Et là, la paroi des militaires ça ne lui disait rien! Et pourtant, il s'agit d'une falaise historique, où se sont déroulées de nombreuses compétitions à l'époque où Le Blond stupéfiait tous ses adversaires. Les Années 80 en escalade rimaient bien sur avec couennes courtes et à doigts où la taille des prises était même recommandée pour obtenir une cotation bien définie à proposer aux compétiteurs. Ainsi, ce qui perturbe le plus, une fois au pied de la falaise, ce sont ces taches plus sombres étalées sur la paroi. Du ciment, tout simplement, pour boucher de trop grosses prises. Pourquoi en avoir taillées et sikatées d'autres alors? Ce qui pourrait ressembler à une boucherie sur une falaise actuelle ne nous a pourtant pas tant déplus que ça! Le premier contact dans I ragazzi della tao en 7a+ passé, laissait présager de la possibilité de faire plus dur. Mon NiKo se motiva tout de même pour taper des essais et enchaîner dans la journée sans trop se blesser. L'objectif de faire des voies dans le 8ème degré était même envisageable après quelques montées de repérage dans le fameux Cadula degli Dei un 8a fait à vue par Mister Edlinger et dont le crux du bas n'avait été que très peu refait depuis, selon les locaux. Pourtant avec un peu plus de motivation et d’affûtage, l’enchaînement aurait pu tomber dès cette première journée tant ce fameux passage du bas ne me posa pas de souci particulier. Chez LaCombe nous sommes habitués à broyer des règles avec les pieds à plat.






Ahhh la motivation!!! Ce ne fut pas le maître mot du séjour à priori; une petite pluie et puis plus personne pour tenter de grimper. Seule Soso, telle une femme dévouée corps et âme à son mari répondait présente pour venir me tenir la corde. A Plampinet nous redécouvrions ainsi une escalade courte et partiellement surnaturelle dans les voies dures mais très technique dans les voies de niveaux plus facile. Qu'à cela ne tienne j'en profitais pour faire du volume en essayant tout ce qui se grimpait tel un boulimique en manque de lipides et je cochais Professeur nimbus, Satan m'habite et Les 6 doigts. NiKo entre frustration et déprime, tenta néanmoins de belles choses dans les 7a et 7a+ du secteur. L'escalade est ainsi faite, comme tout sport pratiqué à haut niveau, beaucoup de concessions et de frustrations pour quelques instants de plaisirs, le challenge étant de trouver le bon compromis pour continuer à vouloir grimper. N'est-ce-pas identique pour la vie en général?






Satan m'habite 7b+ bien taillé.



Enfin, l'essentiel était atteint, arrivé à grimper malgré la météo imparfaite et surtout se faire plaisir. Soso parvint ainsi à mettre les dégaines dans un 6c+ de la paroi des militaires pour l’enchaîner ensuite, chose qui ne lui était pas arrivé depuis fort longtemps alors que Minette moulinait tranquillement dans des 4b. Certains jours sont ainsi propices à faire des performances et d'autres à rester devant la TV ou à la terrasse d'un café de Bardonneche... Une bonne chose aussi, la collante des secteurs pratiqués! Que ce soit à la paroi des militaires ou à Plampinet le vent souffle toujours et cela permet d'avoir de topissimes conditions. La preuve, je n'ai même pas réussi à râler contre l'usure de la peau de mes doigts boudinés et ce malgré le style " très à doigts" des voies du coin. Avec des Miura d'un autre temps, parfaitement ressemelées, je même pris du plaisir dans certaines dalles putrides du coin comme Sendero luminoso et arrivais à cocher deux 7c dans la séance avec Il soffio del Serpente et Giovani sempre. Le carnet de croix était donc bien rempli en vue d'une coupure nette de trois semaine Normande.