mardi 4 juillet 2017

Groink groink...



Les bourgeois c'est comme les cochons 

Plus ça devient vieux plus ça devient bête 

Les bourgeois c'est comme les cochons 

Plus ça devient vieux plus ça devient c-…

Sacré Jacques, comparer des bourgeois à des cochons... C'est comme comparer des grimpeurs à des porcs !!! C'est du grand n'importe quoi !

Enfin, à de rares exceptions, il existe peut-être des similitudes. Prenons le cas du site d'escalade éponyme, les cochons, situé dans le Haut-Allier, département 43 de la Haute Loire (je suis obligé de préciser sinon mon lectorat ne va rien comprendre) et intéressons-nous à quelques noms de voie. "Coup de foutre à Soubiroute" , "Prolapsus réductible" , "l'infâme fontaine", "La grande fessée de la cochonne"... Cela vous vend du rêve messieurs? Alors évidemment avec un nom de falaise comme celui-là, tous les jeux de mots les plus salasses sont envisageables. 
C'est donc en véritable connaisseur et pour répondre à l'invitation de Sabot que j'ai décidé d'aller faire un tour sur cette falaise dont Roberto et La planche me vendaient les mérites depuis trop longtemps.


Une expédition dans le fief de Sabot, sans femme ni enfant, il fallait que je prenne des provisions si je ne voulais pas mourir de faim. C'est donc avec deux caisses bien remplies, l'une de nourriture et l'autre de matériel d’équipement que je pris la route direction Monistrol d'Allier; Une caisse pour survivre et l'autre pour alimenter le développement de cette falaise. Remarquez, connaissant le passif de Sabot j'aurais pu prendre une caisse de préservatifs et une autre de lubrifiants, mais comme la grande époque "Sabotienne" des orgies Mauriennaises était (heureusement) passée, seule l'escalade sur basalte à péridotites m'intéressait. En effet, la particularité de la région c'est que les falaises sont constituées de roches volcaniques, une rareté qui mérite largement d'y faire une halte ou même de prévoir un séjour.






RDV au Pertuis dans le 43, un coin pommé mais pas ce jour-là, puisque l'annuelle brocante drainait toute la population locale vers ce lieu. Pour une fois que les locaux pouvaient sortir un peu!!! Le Sabot me chopa au passage et direction les gorges de l'Allier pour découvrir Les Cochons et retrouver Roberto tout fringuant. Quand on arrive au pied de la falaise du secteur au bord de la route, on tombe sur la paroi principale et le moins qu'on puisse dire c'est qu'elle a de la gueule... Décorée de mille dégaines, on peut aisément lire les itinéraires et s'imaginer évoluant sur ce basalte lors de grandes envolées.






Après un échauffement rapide dans un 6b puis dans le 7a "si c'est pas plus", nous nous retrouvâmes sur la vire étroite mais confortable des "Insoumis" et c'est là que je ressentis toute la complexité de la grimpe dans le Haut Allier. Il faisait déjà chaud, et pour rajouter à cette atmosphère torride, Sabot me raconta les turpitudes qui entachaient le lieu. Une sombre histoire d’irrespect et d’ego toujours trop élevés chez les grimpeurs. Ainsi, les cendres au pied de la voie étaient celle d'un prophète déchu qui avait eu l’outrecuidance de coller un galet nominatif avec le mauvais nom... J'ai toujours rien compris. Ah si, je me souviens d'une chose, cette fameuse voie possède une singularité qui la rend unique en son genre... Il s'agit, mesdames et messieurs les grimpeurs, de la seule voie au monde où l'on trouve du silicone pour renforcer les prises. Une opération esthétique hors norme signée par notre cher Sabot, de l'art éphémère que seul un passionné de sculpture pouvait réaliser. Qu'est ce qu'on a rigolé? Je crois que c'est bien là le principal. Pour reprendre les mots du Sabot, l'escalade est une activité qu'il faut pratiquer sérieusement sans se prendre au sérieux. Finalement cette voie pourrait tout aussi bien s’appeler "les Insoumis", " Les cendres du prophète" ou "Pamela Anderson" il s'agira toujours d'un 7c/c+ très sympa à grimper avec un début teigneux sur croûtes et une fin qui résiste un peu sous le relais. En fin de journée, j'eus quand même le temps d'essayer une autre base du secteur avec "Les Orgues de saint Souvetor" un autre 7c du grand mur avec un magnifique passage sur talon et pince plate... J'étais emballé.



Le lendemain, ce fut : "à la bonne franquette". Je vous explique. La voiture garée, Sabot nous rappella que nous n'avons pas besoin de matos car il y avait tout à la falaise. Dans un coin de ma tête je sentis l'arnaque et mine de rien je prévis 10 dégaines et une corde. C'était donc chargé comme un petit mulet ou plutôt comme un petit percheron que j'entama la descente. Roberto qui me précédait m’encouragea à rajouter un point pour dévier la main-courante et faciliter l'itinéraire d'accès. L'arrivée dans la grotte de Bernadette sous biroute fut saluée par une petite brise des plus agréable. L'ambiance était même glaciale... Sabot se trouvant à moins de 2m de son ex-amant, Mick Souveton alias Souvetor. Entre les deux hommes rien n'allait plus! Après avoir partagé la même couche pendant des années, le divorce était cinglant et destructeur.

Sabot grognon et Roberto taquin.




Heureusement, Roberto était là pour calmer, passer la pommade sur les cicatrices et proposa de s’échauffer dans une voie!!! Mais avec quelles dégaines, avec quelle corde? Il y avait bien de vieux bouts qui traînaient ça et là, à même le sol, mais ne s'agissait-il pas plutôt de cordes pour équiper? Bien sûr que non!! C'était de l'authentique corde diamètre 15mm qui servait au Sabot pour faire le saucisson dans des voies déjà équipées en dégaines. Et pour les autres me direz-vous? Et bien pour ceux-là c'était "à la bonne franquette"... Autrement dit, tu grimpes comme tu peux ou mieux, en taxant le matos d'une autre cordée voisine!!!
La loose, je connaissais suffisamment, et mon jeu de dégaines "Petzl" fut accueilli comme le Messie lorsque je le sortis de mon sac!!! Enfin un miracle dans cette grotte de Bernadette sous biroute! Le jour où le bon Dieu distribua la pingrerie, le Sabot était caché dans un abri anti-atomique... Mais chut, pour lui c'est de l'écologie puisqu'il recycle du matériel mis au rebut?!
Nous pouvions désormais commencer à grimper et profiter du lieu exceptionnel. Le premier contact se fit dans une connexion entre deux 7a pour s'échauffer en douceur qui constituait une belle ligne homogène. Par la suite, je fus pris à sec dans le Rail de Bernadette en 8a, mais les bonnes méthodes du duo "Souvetor/Sabot" me permit de l’enchaîner au premier essai ce qui était une performance indéniable considérant mon manque de pratique depuis quelques mois. 
Le vrai défit de cette journée serait d'équiper une nouvelle voie à gauche de "Croustiland", le 8b du mur de droite. Sous les recommandations du Sabot, me forçant à peine la main : " Tu fais comme tu veux, mais cette ligne est évidente, cette coulée noire là, nom de Dieu!! Tu m'avais dis que tu venais équiper, je te trouve une ligne... et puis tu fais comme tu veux... ". S'en suivit une scène comique, "à la bonne franquette", où une fois le relais placé, non sans mal du fait du manque de prises notoire, je demandai à notre râleur d'or de m'envoyer les mousquetons de renvoi sélectionnés la veille chez lui pour pouvoir faciliter ma descente et l'équipement de ce panneau fortement déversant. 
- Sabot : " Ben je sais pas moi, j'en ai pas de mousquetons, nom de Dieu de nom de Dieu!!!"
- Moi : "Mais Sabot, tu sais les vieux trucs pourris que je t'ai laissés hier?"
- Sabot : " bah, je sais pas moi, ils sont à Mortessagne... peut-être."
- Moi : " C'était des mousquetons pour équiper Sabot, pas des mousquetons de dégaines tu sais, ils sont morts, tu peux plus rien en faire."
- Sabot : " Ah, je sais pas, je sais pas, je me souviens plus."
- Roberto : " Ils ont disparu dans le trou noir... Il va les garder, il a cru que c'était un cadeau!!!"
- Moi : " Et je fais comment moi, maintenant pour descendre... Je pensais que tu les avais mis dans ton sac pour aujourd'hui mon Sabot!"
- Roberto : " C'est à la bonne franquette, je vais remonter en chercher dans la voiture, hein Sabot




Après cet épisode tragi-comique, je passais le reste de la journée à planter des points selon la charte des cochons en vigueur... tous les mètres.
Le lendemain matin, après la traditionnelle préparation du matériel à Mortessagne en n'oubliant pas cette fois de prendre ce dont nous avions besoin, nous retournions au secteur Bernadette, pour parachever notre oeuvre. Fidèle au poste, nous retrouvions également Souvetor et Géronimo, deux grimpeurs pros, capables de grimper 5j/semaine, hors week-end !!! 
Il faisait chaud, beaucoup plus chaud que la veille... et Sabot avait décidé de ne pas grimper. Il fallait donc qu'il dépense d'une autre façon toute son énergie débordante de sexagénaire et c'est le pauvre Mick qui en fit les frais!!! La grotte de Bernadette résonna du prêche de Sabot qui, devant des fidèles béas et hagards, ne pouvait s'arrêter. Il s’égosillait à faire admettre que le don désintéressé était la plus belle chose que le créateur, dans son infinie bonté, avait placée en chacun de nous... Amen! Pour un non croyant, débaptisé, il s'agissait d'une belle pirouette.

La lumière divine 
Il fallut donc attendre qu'il redescende de sa chaire pour commencer la journée de grimpe. Je fis les deux 7a de gauche pour parachever l'échauffement et obtenir un niveau de concentration suffisant de la part de mon assureur, avant de me lancer dans plus dur. Après un essai flash avorté dans Coup de foutre en 7c+, une ligne équipée par Roberto, je la pliais au premier essai au prix d'un bon combat et je pouvais dès lors revenir à ma première préoccupation : finir l'équipement de la voie "Sabot". 

En tant qu'invité je me devais de fournir une voie "clé en main", prête à être grimpée. Le moins que l'on puisse dire c'est que j'y aurais mis du cœur à l'ouvrage. En effet, devant le manque évident de prises dans la seconde partie de la voie, il fallait ruser et proposer quelque chose pour que celle-ci soit grimpable et ne devienne pas une voie "carnaval". Je confiais donc le soin à mon acolyte, resté en bas, de me sélectionner des cailloux que j'utiliserais pour améliorer la préhension de certains "cubes" de basalte. La géométrie des enchâssements des petites orgues basaltiques dans cette grotte nécessitait déjà du renforcement au sika et pour compléter cela j'allais devoir en utiliser pour bricoler de nouvelles prises... L'entreprise qui m'attendait semblait bien longue et ardue. Pourtant, deux heures plus tard, j'étais en bas, fier de mon ouvrage.

La légende de Bernadette raconte que le nom de cette voie, Le don du petit Poucet, vienne de l'utilisation de la cartouche de Sika du Sabot, son don désintéressé, pour fixer les prises rapportées de la voie. L'histoire raconte aussi que cette dernière serait un 8a+ mort-classe aux mouvements vraiment sympas, mais là je laisse notre Souvetor en parler car il est l'auteur de la FA.



 Le Haut-Allier est désormais une destination à planifier lors d'un trip grimpe, puisqu'il possède avec les différents secteurs "des cochons" un large panel de voies et d'orientations. L'escalade y est vraiment intéressante, les paysages reposants et les grimpeurs locaux toujours friands de dispenser les bonnes méthodes sauf si c'est Sabot, Roberto ou la Planche qui vous coatchent... Enfin, vous serez sur la route qui mène aux gorges du Tarn, un autre atout à n'en pas douter.


samedi 6 mai 2017

J'veux du soleil.

"Je suis resté qu'un enfant
Qu'aurait grandi trop vite
Dans un monde en super plastique
J'veux retrouver falaise!!"


J'veux du soleil, j'veux du soleil... Des paroles qui pèseront forts sur mon inconscient d'adolescent lorsque dans les années 90' le groupe Au p'tit bonheur scandait ce refrain pour témoigner de l'insouciance de l'enfance. Depuis cette époque lointaine qui marqua pourtant un tournant dans ma vie avec la découverte de l'escalade, je n'ai de cesse d'appliquer les préceptes de cette chanson. Alors en Savoie c'est pas tous les jours faciles mais certaines années sont relativement clémentes et permettent de profiter du plus doux des astres, sans jeu de mot, et des falaises par la même occasion. Evidemment, pour un grimpeur, le soleil garantit principalement d'avoir du cailloux sec et de pouvoir s'adonner alors à sa passion en toute insouciance.
Après 6 mois de silence, LaCombe sort enfin de son mutisme forcé pour retrouver les feux de la rampe du microcosme de la grimpe Savoyarde... La poignée de fidèles qui nous suit sera rassurée d'apprendre que notre club de vieux dégarnis aux bras cassés existe toujours. La donne aura néanmoins légèrement changée depuis cet automne, notre pilier, le secrétaire général de l'association, adepte du triptyque : 8a, bière, bar aura donc démissionné temporairement pour s'essayer à un autre projet : l'amour.
Pour remplacer notre cher Victor, je ne voyais qu'une seule personne capable de tenir cette place à responsabilités mais surtout à contraintes. LaPlanche était alors tout désigné. Célibataire, avide de sexe et d'autres perversités non-avouables dans cette chronique de bon goût, pourfendeur de 8b au premier essai, amoureux de son pan Güllich et amateur de la belle sape pour "pécho" l'étudiante, ce pur sang de l'escalade saura assurer la relève à n'en pas douter. 



Notre planche possède en plus une qualité indispensable puisqu'il est capable de supporter le packaging complet que sous-tend l'escalade avec LaCombe. En effet, grimper avec nous revient souvent à faire preuve d'altruisme surtout pour un mec talentueux comme lui, obligé de se coltiner des "petits bras" qui passent leur temps à "percher" et à caler les méthodes au millimètre ou à se plaindre de l'équipement pour mettre maladivement toutes les "chasse d'eaux" disponibles de leur sac pour réussir un enchaînement. Je passerai sur la nuée d'enfants qui braillent au pied des falaises et sur les cris de leurs parents qui veulent toujours aller sur des falaises merdiques, mais oui, grimper avec LaCombe impose de faire des sacrifices ! 




Mais alors quel plaisir à grimper avec des faibles ? Je soulève donc la problématique suivante : En quoi grimper avec des personnes d'un niveau différent du sien est-il enrichissant et permet-il de faire évoluer sa propre pratique ? 

L'homme en tant qu'animal sociable à besoin de ses semblables pour vivre, pour apprendre et s'épanouir en société. LaPlanche, autrement appelé le sociologue, l'a bien compris et tend à se rapprocher de ses congénères, dégénérés parfois... 
Voir des faibles saucissonner dans les cordes toute la journée alors qu'on fait le malin, à vue, dans les projets des autres cela doit quand même aider à développer un sentiment de supériorité. Chez Denis, rien, pas de jugement, juste de l'analyse : "Et si j'essayais plus dur pour voir ? " Il aura donc réalisé un diagnostic de ses capacités par la confrontation avec le groupe. De notre côté, celui des faibles, des loosers, des petits kikis, voir un étalon sauter les points, marcher les voies en 8a, tenter des 8c nous aura permis de nous confronter avec notre médiocrité, point ! L'escalade est un sport cruel et sans pitié, si tu es faible, fais du Güllich !!
Alors la pratique de la planche aura bien évoluée, elle, vers de l'"après travail", vers un développement de compétences stratégiques vers une meilleure mémorisation des voies, surtout quand le percheron lui vient en aide en marquant le moindre gratton de pied, en revanche celle des animaux de basse cour... ah si, en allumage de feux de bois, en construction de cabane...
Le socio-constructivisme serait-il un fake ? Denis aide-nous!!! 

Revenons néanmoins à nos moutons, parce qu'il ne faudrait pas négliger l'essentiel, la grimpe. Une chose est sûre, l'appel du caillou est notre dénominateur commun et toutes les occasions de profiter de la nature et des paysages auront été bonnes à prendre pendant ces longs mois d'absence. Alors grimper avec LaCombe à des inconvénients mais aussi des avantages. Les falaises sont souvent au calme, avec vues sur les montagnes et les voies sont neuves puisqu'il n'y a personne pour les grimper ! 

C'est à SuperU et Fréterive que l'action se concentra pendant les mois de février et mars. Le secrétaire général avait décidé de poser ses bagages sur cette vire pour une AG extraordinaire. Roberto, notre trésorier, et votre serviteur, le président de l'assoc' se retrouvaient pour profiter du spectacle : Denis dans le 8c baptisé REM. Les vannes allaient bon train, et ce fût la vengeance des faibles contre l'oligarchie des mutants de l'escalade. Enfin une rouste...







SuperU, quelques nouveautés nous occupèrent un moment. Le mur central se voyait doter d'une nouvelle merveille avec Redemption Song, un 7c+/8a empruntant le même itinéraire de début que Redemption pour finir son chemin sur la droite dans un calcaire parfait. Le secteur proue subissait aussi quelques changements par l'ajout de deux bijoux et la modification du 7c les 4 sans cul. Cette dernière est donc "légèrement" plus dure et cote maintenant (casse d'un bac au début du dur) proche du 8a. Pour les nouvelles, LaCombe renoue avec sa tendance analphabète, plus anal que bête d'ailleurs... La première est un saphir en 6c+ qui répond au doux nom de l'affaire Théo en raison d'un buis rectifieur de trou de balle, que Roberto n'a pas apprécié. La seconde, un diamant, se nomme La chapelle Fistine en mémoire d'un jour de l'an fort sympathique à Mollans-sur-ouvèze avec M Sabot et ses anecdotes douteuses. La cotation? Je pencherai pour un bon 7c+ avec 15 mouvements sur bonnes prises, puis un crux avec 7 mouvements de force, et enfin encore 10 mouvements de rési. Pour la référence au nom, effectivement la seule colo de la voie est souvent grasse, voir détrempée... 




Allez encore un mois et je reprends sérieusement l'escalade et la tenue de ce blog. La prochaine salade sera donc consacrée au Col du Marocaz qui a subit nos assauts répétés durant les mois d'avril/mai.