Et là, une fois sur place, le disque sauta, une rayure infâme qui fait un bruit ignoble… Le doute s’installa. La désillusion, fini les rêves de grandes parois, de longues escalades avec vue sur la mer, le topo m’avait menti. LaCombe ne peut rester silencieux face aux mensonges éhontés de Pietra di Luna décrivant Cala Fuili comme la Mecque de la grimpe Sarde. D’ailleurs un bon article de LaCombe qui se respecte se doit de dénoncer les erreurs et de remuer le couteau là où ça fait mal. Pour être clair, amateur de conti et d’effort de résistance, passez votre chemin, rien pour vous sachant que la moyenne des voies avoisinent les 15m. Grimpeurs occasionnels évoluant dans le 6ème degré et voulant profiter du soleil et de la mer pour se faire prendre en photos les muscles bandés et le corps transpirant par une horde de badauds ignorants, les secteurs de Spiaggia ovest et du Petit bateau sont fait pour vous. Pour les bourrins octogradistes, les fanatiques de prises taillées, ou les deux, le secteur Scalette o Strapiombi vous ira à ravir. Ainsi sur les 2 journées passées là-bas, à part braver l’interdiction de circuler sur la route côtière, unique accès à la calanque, seul le 7a Catalogna se laissa dompter, au 3ème essai quand même… Pourtant le soleil était au rendez-vous, lumineux et franc, capable de nous réchauffer le corps et le cœur pour atténuer notre déception, 15°C de pur bonheur jusqu’à ce qu’il passe derrière la colline, là encore, le topo n’était pas clair. Mais revenons un instant sur le secteur Strapiombi, temple de la force pure, à déconseiller fortement aux puristes de la grimpe qui ferait presque passer la Chambotte pour une falaise discount et naturelle. Imaginez une sorte de baume comme la grotte de Cessens mais avec des prises taillées et sikatées, pas vraiment ce que l’on recherche lors d’un climbing trip. Il m’aura ainsi fallu deux journées de déculotté pour comprendre. C’est d’abord dans Totem en 8a, une ode physique suivie d’un mur aux prises non-naturelles, que la correction débuta puis elle continua dans Fumo negli occhiali 7c+, belle mais monstre dure et bloc, pour s’achever dans Dal blu, une imposture en prétendu 7b+, aux mouvements largement inventés et grotesques ou ce qui ce fait de pire en voie bricolée, le tout accompagné des gémissements de fatigue de Manon. Conclusion : Abbiamo arrampicato a Cala Fuili era una grossa merda.
le secteur Strapiombi
Heureusement que la Sardaigne ne se résume pas seulement à l’escalade, car pour les amateurs de nature vierge et de bonne bouffe c’est aussi une très belle destination. Ici on sollicite grandement nos papilles avec des spécialités culinaires qui raviront les gourmands sans les prix indécents pratiqués en Corse. Et oui les petites bourses seront plus à leurs avantages en Sardaigne. J’entends déjà les esprits lubriques dire que c’est normal et qu’en France, oups, qu’en Corse on en a des grosses...
La chance nous sourit enfin le troisième jour, lorsque résignés nous décidâmes de faire une croix sur Cala Fuili et Cala Luna, pour la jolie petite falaise de Dorgali. D’exposition Ouest, cette barre rocheuse est située non loin du centre-ville, à l’instar de Côte rousse à Chambéry, et propose une escalade sur un beau calcaire jaune orangé avec des voies courtes et péchonnantes comme Bae e iscoriati et d’autres plus longues sur colos telle la classique Older en 7b+. La chance me permit de faire une grosse session avec Bae e iscoriati en 8a, S’ira ‘e deu en 7a à vue et La nostra vita 7b au premier essai sous la caméra du nonno, venu exprès pour l’occasion afin d’encourager fifille dans Sconvolt et Granghena deux 6b+ incontournables. Ce n’est pas tous les jours que les stars de LaCombe viennent en Sardaigne faire des croix. Mais le plus extraordinaire restera sans doute notre chance au jeu puisque ce soir là, ce fut à notre tour de mettre la pâtée aux filles avec un 3-0 à la belote, amplement méritée, nous assurant ainsi de la victoire finale.
Dans le 8a Bae e iscoriati à Dorgali
Mais comme aucun jour ne se ressemble et que la chance est une garce qui ne sait pas ce qu’elle veut, les deux journées suivantes se déroulèrent sous une pluie battante, là encore il semblerait que le topo nous ait menti !!! La carte postale de Sardaigne avec ses belles plages de sables fins, de galets blancs et noirs, mélange de calcaire et de basalte, était totalement faussée. Du coup, on en profita pour faire du tourisme de bas étage, en voiture, jusqu’à Jerzu, un autre spot exceptionnel de grimpe, sous-exploité à la vue du potentiel unique de cailloux. Le secteur Il palazzo d’inverno recèle le plus grand nombre de voies dures, nécessitant une bonne force dans les doigts et un minimum de continuité. Enfin la route de Dorgali à Tortoli est magnifique et vaut le voyage à elle seule. Comptez quand même 2 heures pour 100 kilomètres, ça vous donne une idée des routes ! Ce soir là, natale oblige, le traditionnel repas du grimpeur se transforma en véritable festin des rois avec : agnnelo, foie gras, mini pizza, insalata di mare, et tiramisu en désert. Ahhh, le crux de la semaine après l’échauffement avec le foie gras, made in Meylan, de grand-mère Annie. Cette année encore babo natale aura été généreux, permettant d’assouvir nos dépendances pour les fringues E9, pour la lingerie et pour la musique. Petit jeu : à vous de retrouver qui aiment quoi ? Un indice c'est glissé dans les photos.
Jerzu et il palazzo d’inverno en toile de fond
Il 25 Dicembre, la tradition voudrait que la famiglia se retrouve autour d’une table, LaCombe étant anti conventionnelle, elle se retrouva au pied de la falaise d’Arcadio, par 5°C et un vent d’ouest à décorner les bœufs. Après M.Tossina le 6a+ de refroidissement, à lutter contre l’onglée, nous prîmes place dans notre solarium de fortune constitué d’une dalle de calcaire, pour nous adonner à une autre activité : le bronzing, en doudoune s’il-vous-plaît. Un peu réchauffé, je pus alors goûter au potentiel de cette falaise avec quelques perles comme V.B 7a à l’arrache, Un panino e via en 7c et Nonnorock 7c+, que je me devais d’essayer pour remercier le Nonno de tous ses efforts. Des voies qui coûtent chères vue les conditions météo. Pour clore la journée, la caravane se mit en branle vers la très belle spiaggia osalla à quelques kilomètres qui fut le lieu d’un drame familial. En effet le Nonno, voulant sauver Manon d’une vague, lui sauta dessus pour qu’elle ne se mouille pas, mais dans son élan de bravoure il trébucha sur un basalte pour s’étaler de tout son long dans l’eau, Manon avec… Enfin plus de peur que de mal.
Le secteur aux voies majeures.
Et puis le dernier jour arriva avec son lot de tâches ingrates : nettoyage, course de souvenirs, route, encore de la route, photos souvenirs, route… On fit néanmoins un petit crochet par capo testa, la pointe nord de la Sardaigne afin de contempler les bouches de Bonifacio et ce paysage magnifique, prolongement des îles Lavezzi, où l’escalade n’est pas interdite ! Encore une formidable aire de jeu pour les bloqueurs. Sardaigne 2010 : objectifs atteints avec quatre jours de grimpe et quelques croix sympas mais surtout chaleur et dépaysement total sur cette belle île qui n’a rien à envier à sa voisine Corse.
Superbes photos, ça donne envie d'y être !
RépondreSupprimerMerci belote, et même si les falaises pratiquées n'étaient pas à la hauteur de mes espérances, le soleil nous a fait du bien. Mais j'y retournerais.
RépondreSupprimer